Dans La Guerre des Gaules, César mentionne un autre type d'habitat : les "vici". Il ne semble pas que ce soit des groupes d'aedificia relativement rapprochées comme on en trouve exceptionnellement entre Bettencourt-Rivière, Hallencourt, Abbeville et Bray-lès-Mareuil dans la Somme. Mais en Picardie, rien d'autre n'a été décelé d'avion qui puisse faire penser à des vici, à moins que les vici gallo-romains n'en recouvrent de plus anciens, ce qui est très hypothétique.

Toutefois, ces vici sont, depuis peu, connus par des fouilles, comme celle si remarquable d'Acy-Romance (Ardennes) menée par B. Lambot (1998). Il a étudié l'organisation spatiale de cet ensemble d'une vingtaine d'hectares rigoureusement géométrique et créé ex-nihilo, comprenant entre autres, de grands bâtiments cultuels et des fosses à sacrifice humain. Il s'agit d'un habitat ouvert sans aucune limite matérialisée, alors que les cimetières associés, découverts à proximité, s'inscrivent, eux, dans des enclos réguliers. Mais peut-on appeler "vici" ces "habitats ouverts"?

Est-ce que cela correspond bien à ce dont parle César ? Quoiqu'il en soit ces habitats ouverts sans système fossoyé sont bien difficiles à repérer d'avion. En effet, lorsque les conditions d'observation sont excellentes, on ne repère que des trous de poteaux, diverses fosses et des silos. Quant aux vastes "lacis d'enclos", associés à des trous de poteaux et à des fosses, ils sont donc, dans la grande majorité des cas, des emplacements de fermes dont les systèmes fossoyés emboîtés semblent devenir de plus en plus réguliers au fil du temps. Cependant, toutes les fermes indigènes ne correspondent certainement pas à ce que César nomme "aedificia". Seules les plus élaborées doivent l'être, les autres ne seraient que des "métairies".

Enfin et surtout, les photos aériennes, comme les fouilles récentes, indiquent que l'on passe, assez souvent, progressivement de ces grandes fermes gauloises à la villa gallo-romaine, non seulement par la permanence de l'habitat, par exemple à Verneuil-en-Halatte (Oise) et à Béhen (Somme), mais aussi par une relative continuité des plans d'ensemble presque identiques à ceux des villas à fondations de pierre, comme à Conchil-le-Temple. Il faut noter aussi que les fermes indigènes coexistent fort longtemps avec des villas gallo-romaines.

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Grande ferme indigène avec partition interne et entrée en entonnoir curviligne. Manifestement, le site a été maintes fois réoccupé : on distingue un bâtiment de plan presque romain. Condé-Folie (Somme).

Belle ferme indigène probablement très tardive avec entrée en touche de palmer. On note sa superposition avec un grand enclos circulaire probablement antérieur. Neufmoulin (Somme).