Comment est-on passé de l'habitat rural gallo-romain, fait de grandes propriétés isolées, conçues sur des plans d'architecte à l'habitat du Moyen Age, qui est à l'origine du nôtre, c'est-à-dire des villages groupés? Les survols aériens donnent l'impression, en partie fausse, de deux mondes différents sans rapport entre eux.
Certes, dans le Nord de la Gaule, il y a incontestablement une destruction quasi totale des établissements ruraux entre 259 et 275 après J.-C. Celle-ci est certainement liée aux invasions barbares et aux révoltes paysannes.

Les très nombreux dépôts monétaires, les photographies aériennes et les fouilles confirment l'ampleur de la catastrophe, ainsi que les récits hagiographiques, (Courcelle, 1964) et plusieurs textes officiels de l'époque, entre autres le panégyrique de Constance Chlore, qui atteste que le pays a atteint le dernier degré de la misère, mais aussi que, par la suite, les terres sont remises en culture par ces mêmes barbares installés sur place, les Lètes qui deviennent des soldats-laboureurs.
La vie reprend donc dans les campagnes. Dans quelques rares cas, la même villa isolée subsiste et elle est reconstruite selon un plan plus vaste pour devenir un véritable palais rural comme au Vieux-Rouen. L'aristocratie terrienne se maintient sur certains sites et il devait y avoir de très luxueuses villas, comme en témoigne la mosaïque de Blangy-lès-Fismes (Aisne), exposée à la bibliothèque de Laon.

Les destructions de la fin du IIIe siècle ont affecté aussi les villes ainsi que les agglomérations secondaires, comme à Vendeuil-Caply (Oise) ou au Vieil-Evreux (Eure), qui n'ont été que sporadiquement réoccupées ultérieurement. On constate là, comme pour d'autres sanctuaires ruraux, une "squattérisation" des grands monuments.

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Ecoust-Saint-Mein (Pas-de-Calais).

Une villa gallo-romaine à Flesselles (Somme).

Un véritable palais rural au Vieux-Rouen (Seine-Maritime).